Déménager la « Samaritaine » ne fut pas une mince affaire. Mais quand la motivation rejoint la nécessité…
Au tout début de cette histoire, j’avais dit par souci de simplification que toutes les femelles étaient pleines. Toutes, sauf deux.
Mamie, bien sûr, puisque ses bébés au moment de la capture n’avaient que 2-3 mois et qu’elle n’avait pas encore cédé aux charmes de ce bel étalon étranger qui squattait les lieux en attendant que l’on ait besoin de ses services.
La deuxième, c’est Tyi. Pourtant, je l’avais vue à plusieurs reprises avec son gros ventre. De toutes, elle était la plus hardie et s’introduisait dans les maisons voisines pour y voler quelque nourriture. C’est grâce à elle que j’avais pu donner l’alerte. Or, quand environ deux semaines plus tard elle a été capturée, son ventre était plat et ses mamelles vides. Capturée la première, elle fut stérilisée la première. Heureusement ! L’utérus en très mauvais état a dû être retiré en plus des ovaires et la pauvre minette aurait probablement fini par succomber dans d’atroces souffrances.
Dans le coin le plus sombre de « La Samaritaine », j’ai retrouvé, collés sur des morceaux de polystyrène, les vestiges de ce qui avait dû être un avortement ou un accouchement difficile. Mais aucun petit cadavre.
Or, au centre de la pièce, dans un amoncellement de vêtements, un grand manteau a laissé échapper de ses manches raglan quantité de journaux déchiquetés menu. (Plus tard, j’ai fait la même découverte à l’intérieur d’un coffrage qui avait autrefois masqué les tuyauteries d’un chauffage central). Pas de doute, des rats habitaient là et ils avaient su avec l’intelligence qui est la leur fabriquer des nids douillets pour leur famille. Des rats, oui, des gros rats de la rivière !! Et de quoi se nourrissent ces sympathiques petites bêtes ? De tout (Quand on a faim, on ne fait pas la fine gueule), y compris des morceaux de savon grignotés que j’ai également extraits de ces lieux. Et pourquoi pas, si l’occasion se présente, de petits chatons bien tendres qui viennent de naître ?…
La mère, épuisée, n’a sans doute pas eu la force de défendre sa progéniture contre des agresseurs de cette taille. Ou bien le drame s’est-il produit quand elle s’est absentée pour aller à la recherche de nourriture ?
Alors, je comprends mieux que Tyi ne vienne pas jouer avec les autres et qu’elle monte la garde inlassablement, la mine sévère, dans ou sur son « bungalow » à l’entrée du « village ». Je suis de plus en plus convaincue que c’est elle, malgré sa petite taille, qui a tué les deux énormes rats aux longues incisives recourbées dont j’ai trouvé les cadavres deux matins de suite devant « sa porte ». Ils auraient volontiers cette fois mis des croquettes de chat à leur menu.
JUSTICE A ETE RENDUE.